« Ce qui guérit, c’est le contact avec soi »

Les troubles de l’humeur

Les variations d’humeur subies peuvent devenir un handicap, voire une souffrance, lorsqu’elles sont trop rapides, trop intenses ou déconnectées du contexte.

Il est normal, et même souhaitable que notre humeur change selon notre environnement. Mais ces variations peuvent devenir un handicap, voire une souffrance, lorsqu’elles sont trop rapides, trop intenses ou déconnectées du contexte. On parle alors de troubles de l’humeur, ou de troubles thymiques. Ceux qui en souffrent sont à la recherche de stabilité et de paix intérieure. La plupart du temps, ils souffrent en plus des perturbations que leur instabilité crée dans leurs relations familiales, amicales ou professionnelles.

Ces troubles sont fréquemment étiquetés avec des termes comme: cyclothymie, dysthymie, dépression, trouble bipolaire ou maniaco-dépression (alternance d’épisodes dépressifs et d’exaltation). Mais les configurations de symptômes ne se laissent pas toujours étiqueter facilement, et parfois l’étiquetage peut même être vécu comme stigmatisant. Ce sont donc des termes à manier avec précaution, et si un diagnostic médical doit être posé il importe que ce soit par un spécialiste.

D’où proviennent les troubles de l’humeur ?

Les origines peuvent être très diverses, et il faut souvent une conjugaison de plusieurs facteurs pour qu’un trouble de l’humeur apparaisse. Parmi les facteurs possibles, citons: hérédité, éducation, traits de personnalité (hypersensibilité par exemple), traumatisme, environnement, stress, consommation d’alcool ou de drogue, trouble du métabolisme, dérèglement endocrinien, pathologie somatique. Certaines fluctuations de l’humeur sont liées à des problèmes plus vastes comme un trouble de la personnalité, ou à des modes de fonctionnement particuliers comme la surefficience (les personnes qu’on appelait “surdoués”).

Selon l’ancienneté et l’importance du trouble, il faudra donc peut-être d’abord établir un bilan de santé pour déterminer s’il a des causes physiologiques, ou uniquement psychologiques, ou… les deux. Comme pour beaucoup de problèmes psychiques ou comportementaux, il y a ces causes premières (à identifier autant que possible, même si cela peut s’avérer parfois difficile), mais il y a aussi les facteurs qui entretiennent les problèmes et font qu’ils durent ou s’aggravent dans le temps. Parfois ces facteurs d’entretien sont le seul paramètre sur lequel nous avons une prise, et sur lequel nous pouvons intervenir pour réguler l’humeur. Il est donc important de les repérer également.

Quel traitement?

Si le trouble est aigu ou ancien, il est possible que la prise d’un médicament soit nécessaire, au moins temporairement, pour stabiliser l’humeur, et permettre au malade de récupérer du confort, des forces physiques souvent, et aussi une disponibilité d’esprit suffisante pour pouvoir tirer profit d’une psychothérapie. Mais attention à ce que ce traitement ne soit pas la solution de facilité! Nous vivons en effet dans un pays champion de la consommation de psychotropes. Hormis certains cas où un régulateur de l’humeur devra être pris sur le long terme pour pallier un dysfonctionnement physiologique, le traitement de l’humeur par des médicaments doit faire l’objet d’une prescription soigneuse et d’un suivi médical. Il doit aussi être accompagné d’une psychothérapie qui permettra au client d’assurer l’équilibre de son humeur sans le recours au traitement chimique.

Dans ma pratique de la psychothérapie, le traitement pourra porter sur plusieurs aspects du trouble, évidemment toujours différents selon les clients et leur situation. Il peut s’agir de rendre la personne plus attentive aux conditions de survenue des changements d’humeur (signaux avertisseurs, déclencheurs, contextes plus ou moins favorables, etc.), pour qu’elle puisse apprendre à les anticiper ou à les désamorcer. Il y a aussi l’impact de l’humeur sur les pensées et les comportements: apprendre à réguler cet impact peut prévenir beaucoup de conséquences douloureuses sur la vie familiale, sociale et professionnelle. L’organisation d’une meilleure hygiène de vie et d’une meilleure capacité à gérer le stress est souvent un facteur d’amélioration, car beaucoup font remarquer le rôle de la fatigue dans l’instabilité de leur humeur. Lorsque des origines psychologiques, comme un trauma ou une histoire tourmentée, ont été identifiées, alors soigner la relation du client avec son passé peut s’avérer extrêmement bénéfique. Pour ce qui est des facteurs d’entretien, il est important de repérer les habitudes et les schémas de pensée qui sont susceptibles d’amplifier, ou à l’inverse d’amortir, les variations d’humeur.

Les TCC (thérapies cognitives et comportementales), la pleine conscience, la thérapie des schémas, sont autant d’approches qui ont déjà largement fait leurs preuves dans le traitement de la dépression notamment. L’ACT (thérapie d’acceptation et d’engagement) est aussi très efficace dans la mesure où elle ne se limite pas au périmètre du problème mais vise à remettre l’individu dans une dynamique de vie.