« Ce qui guérit, c’est le contact avec soi »

La thérapie des schémas

La thérapie des schémas appartient à la grande famille des thérapies cognitivo-comportementales, même s’il s’agit plutôt d’une démarche intégrative. Elle cherche à identifier des catégories de pensées récurrentes qui conditionnent nos perceptions et nos réactions au quotidien.

Les schémas

La théorie des schémas a été élaborée dans les années 1990 par le psychologue américain Jeffrey Young. Conçue tout d’abord pour traiter les troubles de la personnalité, son usage s’est largement étendu depuis.


Les schémas sont des ensembles de souvenirs, de cognitions, de sensations et d’émotions au sujet de nous-mêmes et des gens qui nous entourent. Ces schémas commencent à se former très tôt dans l’enfance (déjà avant de savoir parler, d’où la difficulté à en prendre conscience) et tendent à se renforcer avec le temps. Ils créent de véritables convictions intérieures (par exemple: “Je ne mérite pas qu’on m’aime”) tellement profondes et rigides que pour l’individu elles font partie de son identité et sont très difficiles à remettre en cause. Ces convictions vont bien sûr influer lourdement sur les réactions et les comportements dans la vie quotidienne. Chacun va alors inventer des stratégies comportementales pour s’adapter à ses schémas et éviter les affects douloureux qu’ils ont tendance à déclencher.

J. Young a constitué une liste de 18 schémas (par exemple: manque affectif, peur du danger, dépendance) que l’on peut retrouver à des degrés très divers chez un individu. Un questionnaire spécifique aide à les repérer. Ce repérage crée déjà chez le client une prise de conscience de la façon dont son esprit déforme ou interprète ce qui se passe autour de lui. Ensuite cela permet de dégager des processus pour corriger ces schémas de pensée et tendre vers une perception plus juste de la réalité et des réactions plus adaptées.

Pour en apprendre plus sur cette approche thérapeutique, je vous renvoie au livre écrit par Jeffrey Young pour le grand public: Je réinvente ma vie.

La thérapie

Le repérage des schémas inadaptés peut se faire de plusieurs façons, mais résulte le plus souvent d’un questionnaire que le client doit remplir.

Le but de la thérapie n’est pas de se débarrasser des schémas dysfonctionnels, mais de les assouplir pour qu’ils deviennent moins tyranniques dans la vie de l’individu. Certains pourront même se faire très discrets avec le temps.

Il faut aussi se souvenir qu’au moment de leur formation ces schémas étaient des tentatives pour s’adapter à un éventail de blessures ou de frustrations. Ils ont donc eu une fonction de survie, même si aujourd’hui ils sont devenus totalement inadaptés et contre-productifs. Il ne s’agit donc pas de leur déclarer la guerre. 

Pour assouplir les schémas en question et leur retirer progressivement de leur pouvoir, il va falloir critiquer les croyances profondément ancrées qu’ils ont produites. Cela veut dire prendre conscience de ces croyances, apprendre à ne plus s’y identifier et à construire des perceptions plus justes de la réalité.

Pour J. Young les schémas dysfonctionnels se mettent en place lorsque des besoins vitaux  de l’enfant (Young en identifie 5) ne sont pas satisfaits. Comprendre ces besoins frustrés et la façon d’en prendre soin aujourd’hui sera donc une autre étape de la thérapie.

Enfin, les schémas se trouvent entretenus par une série de comportements destinés soit à se soumettre à un schéma, soit à le combattre, soit à l’ignorer. L’aspect comportemental de la thérapie consistera à modifier petit à petit ces réactions stéréotypées.
L’individu reprendra ainsi sa liberté d’agir et de choisir en fonction de ses valeurs, plutôt que d’être sans cesse piloté à son insu par des fantômes du passé.

Il me semble important de souligner que la thérapie ACT réalise elle aussi ce travail sur les schémas cognitifs et comportementaux, mais indirectement.