Thérapie de la cohérence

J’ai eu le plaisir de suivre cette année une formation à la « thérapie de la cohérence » animée par Sophie Coté et Pierre Cousineau, deux thérapeutes canadiens pionniers de cette approche encore peu connue en France. « Thérapie de la cohérence » parce que le principe de base est de considérer tout symptôme comme une réponse cohérente et nécessaire, sans jamais le combattre. Bien au contraire, puisqu’il porte avec lui la clé de la guérison.

La première phase de la thérapie consiste à faire émerger cette cohérence. D’abord aider le client à revivre de façon expérientielle les situations où le symptôme s’est manifesté. Faire apparaître les « vérités émotionnelles » et les prédictions qui sont activées, et comment le symptôme exprimé répond précisément à ces apprentissages, souvent précoces. Le client va formuler cette cohérence en quelques phrases qui décrivent la mécanique du symptôme. Il identifiera au passage les bénéfices attendus et la « pire souffrance » qu’il doit impérativement conjurer. Le langage employé est ici déterminant. Il ne s’agit pas de parler de la situation « pro-symptôme » vue de l’extérieur, comme on le fait souvent en TCC, mais d’en parler depuis l’intérieur, au plus près des émotions originelles. Client et thérapeute utilisent le « langage limbique », c’est-à-dire l’expression spontanée de ces émotions.

Une seconde phase consiste pour le client à maintenir en conscience la nouvelle compréhension de son symptôme dans la vie de tous les jours. Cette phase d’intégration prépare la troisième et dernière phase: la juxtaposition.

La juxtaposition doit permettre au client de revivre simultanément (ou dans un laps de temps de quelques heures) deux situations contradictoires: l’une censée activer le symptôme, l’autre étant manifestement incompatible avec la croyance et la prédiction qui fondaient la cohérence. Se produit alors une « reconsolidation » de la mémoire émotionnelle avec le nouvel apprentissage expérientiel. Le symptôme perd sa fonction profonde et s’éteint.

Cette approche est intégrative dans la mesure où les outils utilisés pour le travail expérientiel peuvent être très variés et empruntés à d’autres pratiques (focusing, pleine conscience, reparentage, analyse transactionnelle, PNL, etc.). C’est une sorte de thérapie des schémas qui traite chaque symptôme comme un schéma, sans se limiter aux grands schémas définis classiquement par Jeffrey Young.

La méthode, ainsi que la notion sous-jacente de reconsolidation de la mémoire traumatique, ont déjà fait l’objet d’un corpus important de travaux scientifiques. On les trouve résumés par l’auteur Bruce Ecker dans son livre Unlocking the Emotional Brain. (Une version française Déverrouiller le cerveau émotionnel est disponible en PDF seulement sur le site www.coherencetherapy.org.) Prises séparément, chacune des caractéristiques de la thérapie de la cohérence peut se retrouver dans d’autres pratiques. Mais leur synergie et le focus permanent sur la cohérence du symptôme apportent une puissance nouvelle à la thérapie des schémas. C’est du moins mon expérience.