Acceptation et engagement

L’Acceptation and Commitment Therapy a donné son nom à la « thérapie ACT », qui commence à être bien connue en France et dans la littérature psychologique en général. Cela veut dire littéralement « thérapie d’acceptation et d’engagement ». La notion d’acceptation fait tout de suite penser à une autre, très populaire: le lâcher-prise. Dans un article précédent (https://psychologue-lyon.pro/blog/vous-avez-dit-lacher-prise), j’expliquais qu’on ne peut concevoir le lâcher-prise sans l’assurance ou la perspective d’une autre prise. Faute de quoi lâcher signifie chuter. Cette même dialectique est au cœur de la thérapie ACT et constitue une condition majeure du succès, quelle que soit la problématique.

Rappelons d’abord qu’accepter ne veut pas dire approuver ni aimer. Cela veut juste dire prendre acte de la réalité du moment, reconnaître ce qui est, là, en ce moment, et qui s’impose à nous. C’est répondre « oui » au GPS qui nous dit « Vous êtes ici ». Etape incontournable pour pouvoir aller ailleurs. C’est accepter une situation, et chacune des émotions ou des pensées qu’elle peut provoquer. Mais ça tout seul pourrait vite ressembler à une injustice et une frustration supplémentaires (« Je subis, et en plus je devrais accepter! »), et à de la résignation (« Je suis victime et je vais devoir m’y faire. »).

L’acceptation ne prend son sens et n’est possible que si, dans le même temps et en parallèle, il y a un engagement. Et c’est souvent notre premier défi, au client et à moi, de le trouver, cet engagement! Car autant on a ressassé ce qu’on ne voulait pas, autant on a occulté ce qu’on voulait à la place. Pour plein de bonnes raisons: difficulté à identifier ce qui compte pour soi; choix pénible entre des options incompatibles; peur de se sentir tout à coup responsable de sa vie; peur de l’échec; désespoir; attentes irréalistes; etc.

Un engagement fort doit mobiliser de l’émotion, et ne peut donc pas être un devoir ou la réponse à un besoin. « Accroche ton chariot à une étoile », disait Emerson. Nous allons trouver cette « étoile » du côté des valeurs, des aspirations, de ce qui donne du sens et laisse une satisfaction profonde. Les indices pour l’identifier sont souvent les moments de plénitude (où l’on s’est senti vivre pleinement, où « tout était là ») ou à l’inverse les moments de grande souffrance (parce que ce qui nous fait souffrir est souvent ce qui compte le plus).

Une fois ces valeurs identifiées, il faut s’y exposer pour vérifier qu’elles ont bien le retentissement émotionnel dont nous aurons besoin. Puis il reste à « accrocher le chariot », à intégrer ces valeurs dans notre vie en les déclinant en comportements, en les inscrivant davantage dans notre environnement et nos activités. Alors, occupés à servir ce qui compte, nous deviendrons moins vulnérables à tout ce qui est hors de notre contrôle. Et nous commencerons à alimenter notre psychisme avec des pensées et des sensations énergétiques, condition d’une bonne santé mentale.